La rage de vivre
On ne devait se voir qu’une demi-heure. R. est en pleine programmation de concerts et il n’a pas beaucoup de temps à me consacrer. Il m’accueille dans son appartement à Saint-Gilles pour une interview. J’avais rencontré R. quelques jours auparavant dans un troquet des Marolles où il devisait avec un musicien japonais au sujet de concerts futurs. Leurs échanges passionnés me révèlaient un monde qui m’est plutôt inconnu.
J’avais alors accosté R. en lui demandant s’il voulait bien m’accorder une interview dans le cadre du projet Urban Expedition.
Quelques jours plus tard je suis face à lui dans son antre de créativité. Une porte s’est ouverte sur un univers profond de noise, de sons fracassants, stridents parfois et rythmés de variations sonores diffuses. Un vynil tourne sur une platine rouge. La classe!
R. me raconte sa vie, la mort de son père, l’alcool, la mort en face de lui, une fois, deux fois, trois fois; la violence de la vie et cette décision de chaque instant de choisir quand-même pour elle. Envers et contre tout…Ce combat génère en lui une rage créatrice. Il allume son ordinateur et me fait écouter sa dernière création enregistrée dans un studio new-yorkais. Je me laisse emporter dans son univers sonore, il m’y entraine et ne m’epargne pas. Le voyage est bouleversant.
La vie n’épargne pas davantage ceux qui ne la fuient pas. Mais du moins, ceux-là connaissent leur combat.