Bonté divine
Alors que le jour avance et que je déguste encore l’effet que m’a laissé cette première nuit dans la forêt embrumée, déjà pointe la question de la rencontre salutaire: qui me fera passer la prochaine nuit? Comment la trouver cette pépite? Elle est là quelque part et quelque chose me dit que ce n’est pas en restant les bras (ou les jambes) croisés que je vais la rencontrer. Je m’engage sur la Promenade verte qui fait toute la circonférence de Bruxelles. J’y croise des botanistes urbains, de jeunes Africaines Luxembourgeoises qui prennent en photo des fleurs, des alterophiles qui se sont encourus des salles de musculation, un lobbyiste qui a quitté le monde de la finance dure pour faire du lobby pro-environnemental, … Cette petite portion de cordon de verdure attire a elle seule tout un peuple d’enthousiastes. Vous manquez d’imagination? Alors allez faire un petit tour sur la Promenade verte et vous en reviendrez avec un esprit bouillonnant d’imagination.
Je la quitte le vers 18h et je me rends en direction de Boitsfort. Au-delà de la place Keym, j’aperçois une jolie petite église vers laquelle je me rends. À sa sortie, je demande à quelques fidèles si l’un d’entre eux peut m’héberger. La question est à peine terminée que déjà l’invitation tombe: Venez chez moi, me lance une dame d’origine africaine. Cette dame avec beaucoup d’allure s’appelle Leonie. Elle est veuve d’un médecin Belge qu’elle a connue au Katanga. Elle loge dans son bel appartement de Boitsfort sa vieille sœur qui vit 6 mois par an. Lorsque Léonie ouvre la porte d’entrée, elle lui lance: On est là ! Georgette n’a pas l’air d’être étonnée pour un sou que sa soeur se pointe avec un etranger. D’emblée elles se mettent à l’œuvre pour m’accueillir comme le veut la tradition africaine. Au menu: fufu et poisson d’eau douce.
À cette allure-là, moi, j’annule mes vacances d’été…
READ MORELe chemin est partout
On imagine un petit peu les grands départs comme le miroir de l’arrivée du long périple, style “Autant en emporte le vent”. Eh bien hier, pour le départ de la longue marche urbaine on était un petit peu dans une autre configuration. Céline, la réalisatrice du documentaire me filmait préparer mon sac pendant qu’un journaliste m’appelait alors que les enfants se disputaient pour des broutilles. Finalement le grand départ s’est fait non sans beaucoup d’émotion. Je n’avais jamais vécu ce sentiment de partir au loin alors que géographiquement je reste tout près de chez moi. C’est assez surréaliste comme impression.
J’avais besoin de marquer une transition entre les semaines chargées précédant mon départ et la plongée dans la jungle urbaine. Je me suis dit que la forêt ferait cette belle transition. 20.000 pas plus tard je suis arrivé dans un endroit magnifique.

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Le Champ du Roi
Dans quel autre endroit que celui portant un nom tel que le Champ du Roi aurais-je pu démarrer cette aventure urbaine? J’ai la chance d’y vivre. J’y vis avec ma femme et mes trois enfants et on y est bien. Alors pourquoi les laisser derrière moi? Pourquoi partir? Je quitte le Champ du Roi pour aller vers le champ de l’inconnu et en faire mon plus fidèle allié, je l’espère…
Partir, c’est toujours mourir un peu.
J’entreprends ce périple pour goûter davantage à l’intensité de l’instant avec tout ce qu’il peut comporter de riche, même si je reste dans un environnement éminemment connu.
Demain commence ce périple un peu fou, je le conçois. Je suis assez excité, un pincement au cœur, évidemment, et tout ça, parce que je pars à maximum 7 km de chez moi.
Je remercie ma femme, Jessica Hilltout, grande photographe et qui a l’œil pour les choses subtiles. C’est elle qui a été ma plus fervente supportrice dans l’ébauche de ce voyage.
Merci aussi à tous les contributeurs qui soutiennent la réalisation du documentaire, sans oublier tous ces messages cordiaux reçus par mail et via les réseaux sociaux.
Demain commence l’aventure et elle se déroulera peut-être devant votre porte…
Ce projet, c’est la faute à Paolo !
Peu avant que la guerre en Syrie n’éclate, Paolo Pellizzari, un ami photographe, m’a proposé de refaire le même trajet que j’avais parcouru à pied en 2005 jusqu’au Proche Orient. Il m’avait proposé de faire un film sur base de mes propres images tournées et de les agrémenter d’interviews de personnes vivantes sur les fractures culturelles, politiques et ethniques de cet axe Est-Ouest. Le but était d’en faire un 52′ qu’on a présenté en 2010 au Cinéma Vendôme à Bruxelles. Il y a 3 mois, ce même Paolo (un vrai lascar!) m’a fait comprendre que ma marche au long cours nécessitait une suite. J’étais tout à fait d’accord avec lui.
Partir au long cours à nouveau? Même si j’en rêve, cela n’a pas de sens vu que je suis marié et que j’ai trois enfants. Il me fallait partir de là où j’étais. Empêtré dans un boulot qui ne me correspondait plus et qui m’étranglait. Puis, avec la même désinvolture il m’a proposé de partir marcher un mois dans ma propre ville. C’était une évidence.
C’est donc ici, qu’à partir du 19 mai, fréquemment, je posterai des impressions sur cette “expédition urbaine” que j’entreprendrai pendant un mois.
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